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Un an après la reprise, AFS Sedan commence à relever la tête

122 salariés font aujourd'hui travailler les machines de l'entreprise sedanaise qui parvient à acquérir de nouveaux marchés en Europe. AFS va enfin pouvoir tourner la page d'Akers.

Ça fait déjà presqu'un an que l'entreprise Akers de Sedan, spécialisée dans la fabrication de cylindres de laminoir (une installation industrielle permettant d'enlever de la matière, souvent du métal, par passage de la pièce entre deux cylindres) et appartenant jusqu'ici au groupe suédois du même nom, a été reprise par deux de ses principaux cadres, Pascal Vanderpoorte et Denis Muszalski. Depuis presqu'un an, l'entreprise devenue AFS (Advanced Foundry Service) Sedan vole de ses propres ailes en tant que PME (Petite et Moyenne Entreprise). Le bilan est plutôt satisfaisant, d'abord sur la question des emplois.

Un nombre de salariés en augmentation

Le nombre de salariés est en effet passé de 118 en décembre 2013 à 122 aujourd'hui. Denis Muszalski commente : « Nous avons transformé plusieurs postes d'intérim en CDI, nous avons aussi renforcé notre équipe de maintenance et nos services techniques ». Une belle performance sachant que cinq personnes sont parties à la retraite. Il précise : « Quand nous avons repris l'entreprise, notre objectif était de maintenir le nombre de salariés. Mais nous ne savions pas si nous allions aller au-delà », avant de dire, convaincu : « Je ne suis pas pour les périodes d'intérim trop longues. Si on prend quelqu'un en intérim pour le former au poste de quelqu'un qui s'en va, à un moment donné, il faut l'embaucher. On ne va pas se priver d'une main-d'œuvre qui a acquis les compétences pour travailler chez nous ».

« Nous nous sommes rendu compte qu'il n'y avait pas eu d'investissements sur l'outillage depuis plusieurs années et on ne s'attendait pas du tout à ce qu'il soit dans cet état. Nous sommes en train de procéder à une remise à niveau ».

Côté production, là aussi, les patrons sont satisfaits même s'ils peuvent « mieux faire ». Denis Muszalski pense notamment au nombre important de rebuts, c'est-à-dire de cylindres qui ne remplissaient pas les critères de qualité mis en place par l'entreprise et qui ont dû être jetés. Un cylindre rebuté, c'est 30 000 euros de perdu. Cette situation, il l'explique simplement par le vieillissement de l'outillage. « Nous nous sommes rendu compte qu'il n'y avait pas eu d'investissements sur l'outillage depuis plusieurs années (6-7 ans) et on ne s'attendait pas du tout à ce qu'il soit dans cet état. Nous sommes en train de procéder à une remise à niveau ». Les travaux ont débuté en juillet pour une durée de six ou huit mois et permettent déjà de limiter les rebuts.

D'autre part, Denis Muszalski constate que le troisième trimestre est « plus calme » que les deux premiers en terme de production mais il n'y a pas de quoi s'inquiéter. « Aujourd'hui, nous préparons les commandes à livrer pour début 2015 et ça fait plusieurs années que nous constatons qu'il y a cette baisse d'activités à cette période ».

Il a donc fait appel au nouveau dispositif d'activité partielle. La mise en place d'un « chômage partiel » est toujours soumise à la validation de la Direccte (Direction Régionale des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du travail et de l'Emploi) mais la procédure est bien plus simplifiée. « On peut être très réactif et adapter nos coûts en production sans faire de casse sociale car les salariés reçoivent la totalité de leurs salaires ».

Chiffre d'affaires prévisionnel : les objectifs sont atteints

Mais le plus important reste encore les bons résultats en terme de chiffre d'affaires. Quand les deux cadres ont repris, ils s'étaient donnés pour objectif de réaliser 1 million d'euros de chiffres d'affaires sur des produits dits « nouveaux », comme des lingotières, de l'acierie, des plaques de refroidissements ou encore des cuves et 17 millions sur la vente de cylindres. Le 1 million d'euros a été atteint au 31 octobre, grâce à la mise en place d'un réseau d'agents dans toute l'Europe pour trouver des marchés, et les 17 le seront d'ici fin décembre, comme cela avait été négocié avec Akers. A côté de ça, la trésorerie est bonne.

L'entreprise menacée de fermeture il y a 1 an semble donc bien partie pour s'offrir une nouvelle vie avec AFS Sedan. « Il y a beaucoup de signes encourageants et nous voulons conserver ce savoir-faire ardennais sur le département. C'est le dernier savoir-faire français en matière de fabrication de cylindres ». Mais Denis Muszalski garde la tête sur les épaules et est bien conscient du travail qu'il reste à accomplir : « Gérer une PME, ce n'est pas du tout la même chose que d'être dans un grand groupe. Cela permet d'être plus libre et plus réactif dans ses décisions mais il faut aussi être vigilant. On ne peut pas se permettre le moindre écart ».

Article de Orianne Roger paru dans le journal La Semaine des Ardennes le jeudi 20 novembre 2014