Tout débute le 27 août 1927, lorsqu’Émile Grosdidier, un ouvrier mouleur âgé de 24 ans, crée son entreprise à Vivier-au-Court. L’homme, motivé, est une boîte à idées. Aussi réussit-il à imposer sa petite structure, dans la fonderie de fonte grise.
On remarque vite ce dirigeant de bon sens, proche du terrain, conscient de la dureté du travail. Il a le goût du risque sans lequel on ne s’impose jamais dans l’espace économique.
Au commencement, Émile Grosdidier ne dispose que d’un modeste atelier et la dizaine d’ouvriers qu’il emploie travaillent douze heures par jour. Lorsqu’ils quittent la fonderie, les ouvriers sont « noirs comme des bougnats ». La fonderie Cossardeaux-Grosdidier s’impose dans le paysage et va marquer l’histoire industrielle ardennaise. En 1997, lorsque l’entreprise célèbre son 70e anniversaire, Gérard Grosdidier dédie cette fête à son père et à son frère Martial qui a su négocier le virage de la modernisation de la société, mais qui est disparu en 1972.
Modernisation et croissance externe en parallèle
Il souligne alors que les banques ont accompagné cette mutation alors que le contexte était défavorable à la profession. La Fonte ardennaise est devenue une institution.
Jusqu’en 1959, la société reste artisanale, mais elle prend une nouvelle dimension avec la mise en place dès l’année suivante de carrousels de moulage et par l’exploitation d’une sablerie automatique.
De cinquante à l’origine, la production passe à deux cent cinquante tonnes par an.
En 1966, une nouvelle unité de fabrication est implantée à Vrigne-aux-Bois. C’est une activité de mécanique générale qui y est développée et permet le traitement de pièces usinées.
En 1970, la société exploite une première chaîne de montage, Disamatic, qui permet d’atteindre une production de 450 tonnes par mois.
L’entreprise décide alors de racheter plusieurs petites unités comme en 1975 Ricad-Grisard à Vrigne-aux-Bois, Toussaint à Haybes en 1984, Dumas en 1985. En 1978, la famille Grosdidier crée Fondatex, une entreprise commerciale qui, intégrée à La Fonte ardennaise, a pour mission de conquérir des marchés dans l’Hexagone, mais surtout à l’exportation. Une politique offensive de modernisation est appliquée pour que les différents sites soient équipés d’une technologie de haut niveau capable de produire des éléments dont la qualité est un atout décisif.
En 1997, la société amplifie ses investissements dans quatre directions : extension des capacités de production à l’atelier d’usinage, nouvelles installations de fusion, rachats de société, développement d’électromécanique diversifiée à La Flèche dans la Sarthe.
Lors de son 70e anniversaire, La Fonte ardennaise est fière d’être la première fonderie européenne de sous-traitance. Son chiffre d’affaires atteint alors 450 millions de francs pour une production de 42 000 tonnes.
850 salariés travaillent sur les différents sites. Le parc des machines associe déjà l’automatique et une part de robotique.
La société obtient alors l’homologation de plusieurs constructeurs automobiles.
Ses technologies de contrôle qui associent le passage aux rayons X, les ultrasons, la spectrométrie de masse, garantissent un haut niveau de qualité lui permettant d’obtenir l’agrément des grands donneurs d’ordres européens.
Hervé CHABAUD